Wabi-Sabi et l’art du Kintsugi

Wabi-sabi est une expression japonaise désignant un concept esthétique, ou une disposition spirituelle.
Pour la comprendre, il faut d’abord se référer à ses 2 composants :

  • Le wabi fait référence à la plénitude et la modestie que l’on peut éprouver face aux phénomènes naturels,
  • Le sabi quant à lui, fait référence à la sensation face aux choses dans lesquelles on peut déceler le travail du temps ou des hommes.

Ainsi, le Wabi-sabi trouve la beauté dans l’imperfection, l’humilité et l’éphémère. Il célèbre la simplicité, la modestie et la patine du temps, il encourage à apprécier les choses telles qu’elles sont, avec leurs défauts et leur caractère unique.

C’est une philosophie qui valorise la simplicité, la rusticité et la sobriété, en opposition à la recherche de la perfection et de l’opulence.
On le retrouve souvent dans les arts, la décoration intérieure, la cuisine, et même dans la manière de vivre.

Les bols anciens, abîmés et réparés selon la technique du kintsugi, sont particulièrement prisés avec leurs cicatrices recouvertes d’or où l’imperfection est mise en valeur.

Ainsi, l’art du kintsugi, qui consiste à souligner d’or les failles d’un objet cassé au lieu de les masquer, s’inscrit dans le courant du wabi-sabi, en ne cherchant pas à masquer les imperfections mais au contraire, en invitant à admirer l’imperfection des fêlures de l’objet et en assumant pleinement que ces imperfections embellissent l’objet.

L’art du kintsugi a une symbolique forte, il est souvent utilisé comme métaphore de la résilience en psychologie : nos blessures nous embellissent.

Practice, Practice, Practice !

Le psychologue Mihály Csíkszentmihályi, s’est un jour demandé : qu’ont en commun les gens qui réussissent dans la vie?

Pour y répondre, il mena une étude dans les 1970, en interrogeant différentes personnes qui semblaient recevoir beaucoup de la vie, que ce soit dans leur travail ou leurs activités de loisirs, non seulement des professionnels de la création tels que artistes et musiciens, mais des gens de tous les horizons, y compris chirurgiens et chefs d’entreprise, et ceux qui ont trouvé satisfaction dans activités telles que les sports et les jeux.

Il constata que tout ces personnes décrivaient une situation similaire : Lorsqu’ils étaient totalement engagés dans une activité qui leur plaisait, ils ont tous rapporté parvenir à un état d’esprit sans sentiment de soi, dans lequel les choses se produisent automatiquement, ils se sentent impliqués, concentrés, absorbés.

Dans cet état, les personnes savent ce qu’il faut faire et reçoivent un retour immédiat sur à quel point les choses sont bien faites : Un musicien sait instantanément si les notes qu’il joue le son comme il se doit ; un joueur de tennis sait si la balle qu’il a frappé atteindra sa destination, un enseignant sait si son explication atteindra son auditoire.

Cet état se nomme le « flow » et il contient six aspects qui l’entourent :

  • concentration intense focalisée sur le moment présent ;
  • disparition de la distance entre le sujet et l’objet ;
  • perte du sentiment de conscience de soi ;
  • sensation de contrôle et de puissance sur l’activité ou la situation ;
  • distorsion de la perception du temps ;
  • l’activité est autotélique : elle se suffit à elle même et elle est en soi source de satisfaction.
D’après Mihály, pour expérimenter l’état de flow, il faut s’engager dans une activité qu’on aime, qui soit ni trop facile ni trop difficile. (Source The Psychology Book: Big Ideas Simply Explained)

Si un jour, concentré sur une tache vous en oubliez de manger et de dormir, sachez que vous étiez en état de flow !

La réalisabilité multiple et l’intelligence artificielle

Déjà évoquée dans « Le problème corps-esprit« , la philosophie de l’esprit se propose d’étudier la nature de l’esprit ainsi que sa relation avec le monde physique. Elle vise à comprendre la nature des phénomènes mentaux, non pas directement sur des bases empiriques, mais principalement par le biais d’une analyse des concepts mentaux.

De plus, la réalisabilité multiple, est la thèse selon laquelle la même propriété mentale peut être mise en œuvre par différentes propriétés physiques : L’état mental de « souffrir » provoque de la douleur, cette dernière est corrélée à différents états physiques du système nerveux dans différents organismes, mais les organismes expérimentent tous le même état mental.

Par analogie, les états mentaux d’un être humain peuvent être réalisés par différents états physiques chez différents individus.

Enfin, le computationnalisme est une théorie issue de la philosophie de l’esprit qui, pour des raisons méthodologiques, conçoit l’esprit comme un système de traitement de l’information et compare la pensée à un calcul : penser c’est appliquer un système de règles.

A gauche, une représentation du computationnalisme, à droite un réseaux de neurones artificiels, visant à simuler les règles appliquées à droite. (Source : Simply Artificial Intelligence)

Ainsi, en alliant la réalisabilité multiple au computationnalisme, on aboutit à ce qui suit :

  • La pensée humaine, y compris l’intelligence est le résultat d’une application d’un système de règles.
  • Ceci se traduit par un état mental : un état mental peut être représenté par différents états physiques
  • Une machine dite « intelligente » viserait à reproduire les états physiques d’un cerveau humain, suivant le principe de réalisabilité multiple.