La révolution Kantienne

« Comment pouvons-nous connaître quelque chose avec certitude ? »

C’est à cette question que cherche à répondre Kant pendant plusieurs années et le fait finalement dans son ouvrage « Critique de la raison pure ».

Pour rappel :

  • Les empiristes, comme Hume, affirment que toute connaissance vient de l’expérience.
  • Les rationalistes, comme Leibniz, soutiennent que la raison pure peut atteindre la vérité.

En comprenant que ces deux approches sont insuffisantes, Kant vient avec une solution aussi audacieuse qu’élégante : au lieu de se demander comment notre connaissance peut correspondre aux objets, il inverse la question : Et si les objets devaient se conformer à notre manière de connaître ?

C’est ce qu’il appellera lui-même sa « Révolution Copernicienne » en philosophie, par analogie avec l’astronome (Nicolas Copernic) qui avait placé le soleil, et non la terre, au centre du système : plus tard, on parlera de « Révolution Kantienne ».

De plus, Kant a introduit le concept des « jugements synthétiques a priori« , qui sont des connaissances universelles et nécessaires, indépendantes de l’expérience, mais qui ajoutent néanmoins quelque chose à notre compréhension du monde. Cela a permis de réconcilier les approches rationalistes et empiristes de la connaissance

Ainsi, en affirmant que toute connaissance nécessite à la fois des intuitions sensibles et des concepts rationnels, Kant a créé une synthèse entre les traditions rationaliste et empiriste.

Kant défini aussi les limites de la connaissance humaine, soulignant que notre compréhension est limitée aux phénomènes (ce qui relève de la science) et ne peut pas atteindre les noumènes (ce qui relève de la croyance) : Son idée présente de forts parallèles avec les concepts de voile d’Isis et de Maya.

En somme, la Révolution Kantienne a transformé notre compréhension du rôle du sujet dans le processus de connaissance, établissant une nouvelle approche critique qui continue d’influencer la philosophie contemporaine.

Le voile de Maya et l’illusion du monde physique

« C’est la Māyā, le voile de l’illusion, qui recouvre les yeux des mortels, leur fait voir un monde dont on ne peut dire s’il est ou s’il n’est pas, un monde qui ressemble au rêve, au rayonnement du soleil sur le sable, où de loin le voyageur croit apercevoir une nappe d’eau, ou bien encore à une corde jetée par terre qu’il prend pour un serpent.»

Par ces mots, Arthur Schopenhauer utilise le concept de voile de Māyā – qui provient des traditions philosophiques indiennes – pour illustrer que ce que nous considérons comme réalité, notre monde physique, n’est en réalité qu’une illusion.

En effet, le voile de Maya, désigne l’illusion ou le voile qui masque la véritable nature de la réalité. Selon cette philosophie, ce que nous percevons comme réalité matérielle n’est qu’une illusion temporaire, une manifestation éphémère qui cache la vérité éternelle et immuable : l’absolu cosmique.

Illustration du concept de Maya : L’impression d’un monde aquatique que donne le croquis n’est en réalité pas ce qu’elle semble être (Peinture de M.C. Escher).

Le but devient alors de « percer le voile » afin d’apercevoir la vérité transcendante, d’où s’écoule l’illusion d’une réalité physique, surmonter cette illusion est essentiel pour atteindre un éveil et réaliser que l’on fait partie intégrante d’un tout qui nous dépasse et va au delà du monde physique.

Ainsi, la compréhension et la transcendance de Māyā sont considérées comme des étapes cruciales vers la libération spirituelle, permettant aux individus de voir au-delà des apparences superficielles pour accéder à une vérité plus profonde.

Le concept du voile de Maya semble avoir émergé dans les traditions philosophiques indiennes bien avant que le voile d’Isis ne devienne un motif populaire dans le monde gréco-romain. Cependant, les deux concepts partagent une thématique commune : ils interrogent notre perception de la réalité et notre quête pour comprendre ce qui se cache derrière les apparences :

AspectVoile de MayaVoile d’Isis
OriginePhilosophie indienne Égypte antique
SignificationIllusion du monde matérielInaccessibilité des secrets naturels
ImpactIllusion à transcender pour atteindre l’éveilMystère à explorer pour progresser en connaissance

Le voile d’Isis et les limites de la connaissance

«Je suis tout ce qui a été, est et sera et aucun mortel n’a encore levé le voile qui me couvre».

Cette phrase, est rapporté par le philosophe grec Plutarque dans son ouvrage « Sur Isis et Osiris ».
Selon ce dernier, la phrase est inscrite sur une statue de la déesse Isis, présente dans l’ancienne ville égyptienne de Saïs.

En effet, la déesse égyptienne Isis était souvent représentée voilée, symbolisant les mystères de la nature : ce voile est une métaphore représentant l’inaccessibilité des secrets de la nature.

Statue (récente) d’Isis au Herbert Hoover National Historic Site

Par la dernière phrase « aucun mortel n’a encore levé le voile qui me couvre », on évoque le mystère impénétrable qui entoure la déesse.

Le « voile » peut être interprété comme un voile symbolique qui cache la vérité ultime ou la connaissance divine : L’impossibilité pour les mortels de le soulever suggère que la pleine compréhension de la nature divine ou des secrets de l’univers reste hors de portée de l’humanité.

Mais aussi, cette phrase peut être vue comme une réflexion sur les limites de la connaissance humaine face à l’immensité de l’univers et du divin.
Elle invite à l’humilité et à la reconnaissance de notre place dans le cosmos, tout en soulignant l’aspiration humaine à comprendre les mystères de l’existence (sans peut être jamais y arriver).