L’illusion de profondeur explicative et Challenger

Le 28 janvier 1986, 73 secondes après le décollage de la navette spatiale américaine Challenger, un accident astronautique qui eut lieu qui se traduisit par la désintégration de la navette spatiale et la disparition de l’équipage.

Ce triste évènement est connu sous le nom de « L’accident de la navette spatiale Challenger ».

Aujourd’hui on pense que « L’illusion de profondeur explicative » (IPE) a probablement joué un rôle significatif dans la catastrophe de la navette spatiale Challenger en contribuant à un excès de confiance et à une prise de décision défectueuse parmi les responsables et les ingénieurs de la NASA.

Cette illusion est un biais cognitif où les gens croient comprendre des sujets ou des systèmes complexes plus en profondeur qu’ils ne le font réellement. Ce phénomène a été identifié et étudié pour la première fois par les scientifiques cognitifs Leonid Rozenblit et Frank Keil en 2002.

On constate la manifestation de ce biais, quand :

  • Les individus se sentent confiants dans leur compréhension jusqu’à ce qu’on leur demande de fournir des explications détaillées.
  • Ou lorsqu’ils sont forcés d’expliquer, les gens ont souvent du mal et réalisent les lacunes dans leurs connaissances.

Ainsi, après avoir tenté des explications, les gens abaissent généralement leur auto-évaluation de leur compréhension.

Concernant l’incident de Challenger, les ingénieurs et les gestionnaires de la NASA ont surestimé leur compréhension du comportement des joints toriques (joint en forme de tore, généralement utilisé pour assurer l’étanchéité) à basses températures.

Bien que sachant que les joints toriques étaient sensibles au froid et conçus pour fonctionner au-dessus de 11,7°C, ils ont approuvé le lancement à seulement 2,2°C. Cela suggère qu’ils croyaient avoir une compréhension plus profonde des capacités des joints toriques qu’ils ne l’avaient réellement.

Fort heureusement, on peut lutter contre ce biais, la prise de conscience du phénomène pour accroître l’humilité intellectuelle.

De plus, la meilleure façon de le faire consiste à expliquer et à justifier ses choix, un clin d’œil à la fameuse maxime romaine Docendo discimus