Le voile d’Isis et les limites de la connaissance

«Je suis tout ce qui a été, est et sera et aucun mortel n’a encore levé le voile qui me couvre».

Cette phrase, est rapporté par le philosophe grec Plutarque dans son ouvrage « Sur Isis et Osiris ».
Selon ce dernier, la phrase est inscrite sur une statue de la déesse Isis, présente dans l’ancienne ville égyptienne de Saïs.

En effet, la déesse égyptienne Isis était souvent représentée voilée, symbolisant les mystères de la nature : ce voile est une métaphore représentant l’inaccessibilité des secrets de la nature.

Statue (récente) d’Isis au Herbert Hoover National Historic Site

Par la dernière phrase « aucun mortel n’a encore levé le voile qui me couvre », on évoque le mystère impénétrable qui entoure la déesse.

Le « voile » peut être interprété comme un voile symbolique qui cache la vérité ultime ou la connaissance divine : L’impossibilité pour les mortels de le soulever suggère que la pleine compréhension de la nature divine ou des secrets de l’univers reste hors de portée de l’humanité.

Mais aussi, cette phrase peut être vue comme une réflexion sur les limites de la connaissance humaine face à l’immensité de l’univers et du divin.
Elle invite à l’humilité et à la reconnaissance de notre place dans le cosmos, tout en soulignant l’aspiration humaine à comprendre les mystères de l’existence (sans peut être jamais y arriver).

L’individuation et les solitudes de Jung

Carl Gustav Jung était un psychiatre et psychologue suisse qui a fondé l’école de la psychologie analytique (Une approche qui se concentre sur l’exploration de l’inconscient individuel et collectif à travers l’analyse des rêves, des symboles et des archétypes).

Ce dernier a conceptualisé le processus d’individuation qu’il décrit comme un cheminement psychologique visant à la réalisation de soi et au développement de la personnalité unique de l’individu.
Il précise que c’est « le processus psychologique qui fait d’un être humain un individu, une personnalité unique, indivisible, un homme total. »

De plus, selon Carl Jung, la solitude peut prendre différentes formes, chacune ayant son propre rôle dans le développement psychologique et spirituel de l’individu.
Parmi elles :

  • La solitude existentielle : selon lui, cette forme de solitude est inhérente à la condition humaine.
    C’est le sentiment profond d’être seul dans son expérience unique du monde, même entouré d’autres personnes
  • La solitude créative : Jung voit cette forme de solitude comme essentielle au processus créatif et à l’individuation. C’est un état volontaire de retrait du monde extérieur qui permet d’accéder à ses ressources intérieures. Un type de solitude bien prisé des artistes.
  • La solitude transformatrice : Cette forme de solitude est perçue par Jung comme une étape cruciale dans le processus de transformation personnelle. C’est un moment d’isolement, parfois imposé par les circonstances, qui offre l’opportunité de confronter ses aspects sombres et de se reconnecter avec soi même.
    Jung voit cette solitude comme un « désert intérieur » potentiellement douloureux mais nécessaire à la croissance personnelle.

Il est important de noter que pour Jung, la solitude n’est pas nécessairement négative, mais plutôt une opportunité de se connecter à son être profond et de développer son individualité.
En effet, Jung perçoit la solitude comme un phénomène complexe et multidimensionnel, pouvant être à la fois un défi et une opportunité de croissance personnelle. Il encourage à embrasser les différentes formes de solitude comme des étapes nécessaires dans le voyage vers l’individuation et la réalisation de soi.

Les Vérités selon Kierkegaard

Si une personne ne devient pas ce qu’elle comprend, alors elle ne le comprend pas vraiment.

Ces paroles résument la pensée du philosophe danois du XIXe siècle : Kierkegaard.

Ce dernier a profondément exploré les concepts de vérité subjective et vérité objective, les distinguant et expliquant leur interaction dans la vie humaine comme suit :

  • Vérité Objective: Cette notion se réfère aux faits externes et universels qui peuvent être prouvés ou vérifiés indépendamment de l’individu. Elle est liée à des objets métaphysiques extérieurs au sujet. Dans ce cadre, la vérité est considérée comme une réalité extérieure à laquelle le sujet se rapporte.

  • Vérité Subjective: Pour Kierkegaard, la vérité subjective est plus essentielle. Elle concerne l’intériorité et la manière dont un individu vit et incarne ces vérités objectives dans sa propre existence. Il affirme que « la vérité c’est la subjectivité », soulignant que ce n’est pas seulement la connaissance des faits qui compte, mais comment ces faits sont intégrés dans la vie personnelle de quelqu’un. La vérité subjective implique un engagement personnel total et une relation passionnée avec ce que l’on considère comme vrai.

Ainsi, en prenant le contre-pied des systèmes philosophiques privilégiant l’objectivité, Kierkegaard affirme que la vérité subjective est essentielle pour donner un sens à la vie humaine : Pour lui, c’est par une relation passionnée et personnelle avec la vérité que l’on trouve un véritable sens à sa vie.

De plus, concernant les interactions entre les 2 concepts et leurs impacts sur la vie humaine, Kierkegaard ne cherche pas à répondre à la question « ce que », mais à la question « comment ».

  • Il cherche à comprendre comment faire d’une vie humaine, une expression de la vérité.
  • Pour lui; il répond en affirmant que la vérité c’est l’authenticité d’une vie et non un discours vrai sur l’existence.
  • Il faut que le discours ne soit pas « sur » l’existence, mais « dans » l’existence, et c’est à cette seule condition qu’il peut devenir une vraie parole.
  • Dans le langage de Kierkegaard, « la vérité c’est la subjectivité », l’adéquation entre ma connaissance objective et la manière dont je l’incarne dans ma vie.
  • La vérité subjective ne fait pas de l’homme la mesure de toutes choses, elle veut simplement dire que le sujet devient acteur de la parole et pas uniquement parleur de la parole .

Finalement, pour Kierkegaard, la vérité ne se situe pas dans un « quoi » statique, mais dans un « comment » dynamique.

Il place la vérité subjective au centre de l’expérience humaine, affirmant que c’est à travers cette subjectivité que les individus trouvent leur véritable soi et donnent un sens à leur existence. La vérité objective a sa place, mais elle doit servir l’individu plutôt que le dominer.