La Phronesis & La vie contemplative selon Platon

« comment justifier la supériorité et la béatitude de la connaissance et de la vie contemplative, sur la vie pratique ? »

C’est à cette question que cherche à répondre l’œuvre de Platon, en effet ce dernier valorise la vie contemplative en tant que mode de vie supérieur, car elle est centrée sur la recherche et la contemplation des vérités éternelles et immuables.

Selon lui, la connaissance véritable ne peut être atteinte que par l’âme lorsqu’elle contemple les Idées ou Formes, qui sont des réalités intelligibles et parfaites, par opposition au monde sensible, qui est changeant, temporaire, et imparfait (Voir : Allégorie de la caverne).

Un oiseau ou l’idée d’un oiseau ?

Mais aussi, Platon fait le lien entre la vie contemplative et les réminiscences platoniciennes, où l’âme se souvient des connaissances qu’elle a acquises dans le monde intelligible avant de s’incarner dans le monde sensible. La vie contemplative est donc une manière de reconnecter l’âme avec ces vérités éternelles, dit autrement, contempler est le moyen de se rappeler de ce qu’on savait déjà.

De plus, la Phronesis chez Platon peut-elle être définie « comme la connaissance créatrice du bien pur par l’intuition interne de l’âme, et en même temps comme la dérivation de l’activité valable et de la vraie connaissance à partir d’une seule et même puissance fondamentale de l’esprit »

De ce fait, selon Platon, la Phronesis est dérivée de cette contemplation, et elle permet à l’individu de vivre en accord avec le bien et d’ordonner sa vie selon des principes éthiques élevés.


La vie contemplative est ce qui permet la Phronesis et l’accès à la connaissance la plus élevée, qui est à la fois éthique et intellectuelle, et qui conduit à une existence véritablement épanouie et heureuse : C’est avec tout cela que Platon répond à la question initiale.

L’illusion de profondeur explicative et Challenger

Le 28 janvier 1986, 73 secondes après le décollage de la navette spatiale américaine Challenger, un accident astronautique qui eut lieu qui se traduisit par la désintégration de la navette spatiale et la disparition de l’équipage.

Ce triste évènement est connu sous le nom de « L’accident de la navette spatiale Challenger ».

Aujourd’hui on pense que « L’illusion de profondeur explicative » (IPE) a probablement joué un rôle significatif dans la catastrophe de la navette spatiale Challenger en contribuant à un excès de confiance et à une prise de décision défectueuse parmi les responsables et les ingénieurs de la NASA.

Cette illusion est un biais cognitif où les gens croient comprendre des sujets ou des systèmes complexes plus en profondeur qu’ils ne le font réellement. Ce phénomène a été identifié et étudié pour la première fois par les scientifiques cognitifs Leonid Rozenblit et Frank Keil en 2002.

On constate la manifestation de ce biais, quand :

  • Les individus se sentent confiants dans leur compréhension jusqu’à ce qu’on leur demande de fournir des explications détaillées.
  • Ou lorsqu’ils sont forcés d’expliquer, les gens ont souvent du mal et réalisent les lacunes dans leurs connaissances.

Ainsi, après avoir tenté des explications, les gens abaissent généralement leur auto-évaluation de leur compréhension.

Concernant l’incident de Challenger, les ingénieurs et les gestionnaires de la NASA ont surestimé leur compréhension du comportement des joints toriques (joint en forme de tore, généralement utilisé pour assurer l’étanchéité) à basses températures.

Bien que sachant que les joints toriques étaient sensibles au froid et conçus pour fonctionner au-dessus de 11,7°C, ils ont approuvé le lancement à seulement 2,2°C. Cela suggère qu’ils croyaient avoir une compréhension plus profonde des capacités des joints toriques qu’ils ne l’avaient réellement.

Fort heureusement, on peut lutter contre ce biais, la prise de conscience du phénomène pour accroître l’humilité intellectuelle.

De plus, la meilleure façon de le faire consiste à expliquer et à justifier ses choix, un clin d’œil à la fameuse maxime romaine Docendo discimus

La structure universelle de Leibniz

La langue universelle est une veille idée travaillée par des philosophes comme Leibniz et Descartes, selon cette idée, il y aurait une structure commune à la pensée de tous les humains, et cette structure serait mathématique.
La pensée humaine s’exprimant par la langue, il y aurait donc une grammaire commune à la pensée des humains.

Dans un premier temps, Descartes a imaginé une langue claire et rationnelle, capable d’exprimer les connaissances scientifiques et philosophiques de manière précise.
Selon lui, cette langue devait être fondée sur des idées et notions universelles, c’est-à-dire compréhensibles par tous.

Plus tard, Leibniz (influencé par les travaux de Descartes) a imaginé une caractéristique universelle, une « langue » capable d’exprimer toutes les pensées conceptuelles (philosophiques, scientifiques..) Cette langue comprend des règles de manipulation symbolique, ou dit autrement, un « algorithme » que Leibniz a appelées « calculus ratiocinator ».


Le calculus ratiocinator permettrait de démêler le vrai du faux dans toute discussion dont les termes seraient exprimés dans la langue universelle (la Caractéristique universelle).
Leibniz imaginait donc un procédé automatique couplant la langue formalisée et l’algorithme, qui puisse décider de la vérité de toute assertion quelle qu’elle soit, en s’appuyant sur un alphabet de la pensée humaine.
Son but était de consolider les bases de la raison en la réduisant le plus possible à une formule mathématique que beaucoup pourraient comprendre.

Plus tard, Alan Turing s’est inspiré de l’idée leibnizienne d’un calcul logique mécanique pour développer le concept de machine de Turing. Cela a jeté les bases théoriques des ordinateurs modernes et des langages de programmation.

Aujourd’hui, les systèmes de traductions basée sur IA construisent une structure spatiale d’une langue, elle n’apprennent pas les règles d’une langue comme le font les nouveaux-nés, mais les déduisent grâce aux données et aux statistiques.
En bénéficiant de cette structure spatiale abstraite, les modèles IA multilingues peuvent traduire un texte d’une langue à une autre, même si cette dernière est très peu parlée, par exemple, si mon but est de traduire un texte d’une langue A à C alors :

  • Je peux commencer par traduire le texte de langue A à B.
  • Puis de B à C.
  • Je peux donc « apprendre » et déduire ma traduction de A à C, palliant au manque d’information initiale.

Un clin d’œil direct à l’idée de Leibniz de langue universelle.