Practice, Practice, Practice !

Le psychologue Mihály Csíkszentmihályi, s’est un jour demandé : qu’ont en commun les gens qui réussissent dans la vie?

Pour y répondre, il mena une étude dans les 1970, en interrogeant différentes personnes qui semblaient recevoir beaucoup de la vie, que ce soit dans leur travail ou leurs activités de loisirs, non seulement des professionnels de la création tels que artistes et musiciens, mais des gens de tous les horizons, y compris chirurgiens et chefs d’entreprise, et ceux qui ont trouvé satisfaction dans activités telles que les sports et les jeux.

Il constata que tout ces personnes décrivaient une situation similaire : Lorsqu’ils étaient totalement engagés dans une activité qui leur plaisait, ils ont tous rapporté parvenir à un état d’esprit sans sentiment de soi, dans lequel les choses se produisent automatiquement, ils se sentent impliqués, concentrés, absorbés.

Dans cet état, les personnes savent ce qu’il faut faire et reçoivent un retour immédiat sur à quel point les choses sont bien faites : Un musicien sait instantanément si les notes qu’il joue le son comme il se doit ; un joueur de tennis sait si la balle qu’il a frappé atteindra sa destination, un enseignant sait si son explication atteindra son auditoire.

Cet état se nomme le « flow » et il contient six aspects qui l’entourent :

  • concentration intense focalisée sur le moment présent ;
  • disparition de la distance entre le sujet et l’objet ;
  • perte du sentiment de conscience de soi ;
  • sensation de contrôle et de puissance sur l’activité ou la situation ;
  • distorsion de la perception du temps ;
  • l’activité est autotélique : elle se suffit à elle même et elle est en soi source de satisfaction.
D’après Mihály, pour expérimenter l’état de flow, il faut s’engager dans une activité qu’on aime, qui soit ni trop facile ni trop difficile. (Source The Psychology Book: Big Ideas Simply Explained)

Si un jour, concentré sur une tache vous en oubliez de manger et de dormir, sachez que vous étiez en état de flow !

La réalisabilité multiple et l’intelligence artificielle

Déjà évoquée dans « Le problème corps-esprit« , la philosophie de l’esprit se propose d’étudier la nature de l’esprit ainsi que sa relation avec le monde physique. Elle vise à comprendre la nature des phénomènes mentaux, non pas directement sur des bases empiriques, mais principalement par le biais d’une analyse des concepts mentaux.

De plus, la réalisabilité multiple, est la thèse selon laquelle la même propriété mentale peut être mise en œuvre par différentes propriétés physiques : L’état mental de « souffrir » provoque de la douleur, cette dernière est corrélée à différents états physiques du système nerveux dans différents organismes, mais les organismes expérimentent tous le même état mental.

Par analogie, les états mentaux d’un être humain peuvent être réalisés par différents états physiques chez différents individus.

Enfin, le computationnalisme est une théorie issue de la philosophie de l’esprit qui, pour des raisons méthodologiques, conçoit l’esprit comme un système de traitement de l’information et compare la pensée à un calcul : penser c’est appliquer un système de règles.

A gauche, une représentation du computationnalisme, à droite un réseaux de neurones artificiels, visant à simuler les règles appliquées à droite. (Source : Simply Artificial Intelligence)

Ainsi, en alliant la réalisabilité multiple au computationnalisme, on aboutit à ce qui suit :

  • La pensée humaine, y compris l’intelligence est le résultat d’une application d’un système de règles.
  • Ceci se traduit par un état mental : un état mental peut être représenté par différents états physiques
  • Une machine dite « intelligente » viserait à reproduire les états physiques d’un cerveau humain, suivant le principe de réalisabilité multiple.

Le biais du présent

Le biais présent est la tendance à se contenter d’une récompense actuelle plus petite plutôt que d’attendre une récompense future plus importante. Il décrit la tendance à « surévaluer » les récompenses immédiates, tout en accordant moins de valeur aux conséquences à long terme.
Ce dernier peut être utilisé comme mesure de la maîtrise de soi : plus on résiste au biais du présent, plus on se maîtrise.

La célèbre étude de Stanford, nommée « Stanford Marshmallow Experiment » menée en 1972 se présente comme suit :

Un marshmallow (une guimauve) est offert à chaque enfant. Si l’enfant résiste à l’envie de manger la guimauve, il en obtient par la suite deux autres en guise de récompense.

Après analyse des résultats, les scientifiques démontrent qu’une grande patience était synonyme de succès : plus grande est la maîtrise de soi (mesurée par la capacité de gratification différée, donc lutte contre le biais du présent), plus les chances de réussir sont grandes.

De même, certains modèles économiques utilisent le biais du présent pour expliquer la répartition (et donc l’inégalité) des richesses :

  • Si tout le monde était sujet au biais du présent, la répartition des richesses ne serait pas affectée.
  • Comme cela n’est pas le cas, les inégalités de richesse proviennent d’individus cohérents dans le temps qui bénéficient des décisions monétaires irrationnelles prises par leurs rivaux économiques soumis au biais du présent : je préfère consommer qu’économiser, ma consommation ira enrichir quelqu’un qui épargne.

Enfin, comme tous les biais, les connaitre permet de mieux s’en prémunir !