Pathemata mathemata

Pathemata mathemata : c’est un dicton grec qui peut être traduit par « On apprend de ses souffrances », ou « On apprend en souffrant ».
Cette association subtile d’un sentiment négatif qu’est la souffrance, à un sentiment bien plus positif, l’apprentissage représente une expression oxymorique pouvant paraitre paradoxale.

Mais comme souvent, les dictons grecs recèlent des sagesses bien profondes.
On ne compte pas les sagas et aventures dans lesquelles un héros ou une héroïne doit passer par des épreuves douloureuses, y compris la perte d’êtres chers, pour se renforcer et finalement aller au bout de sa quête.
Au-delà de ces sagas, tant de scientifiques et de chercheurs sont confrontés à des souffrances modérées et quotidiennes, dans un métier où il faut sans cesse apprendre, comprendre et sortir de sa zone de confort.

Article grandement inspiré du discours de Cédric Villani, un grand merci à lui pour ce si beau discours !

Il en va de même dans le domaine du sport où un muscle ne se reconstruit plus fort, que s’il a subi des dommages modérés. Mais également de l’art, et dans bien des métiers où il faut donner le meilleur de ses capacités : le dépassement de soi, le progrès personnel, vont avec la douleur, l’affrontement de l’inconnu, le travail acharné, les essais répétés, et la « souffrance quotidienne ».

Ce qui paraissait comme un paradoxal au début, ne l’est finalement pas.

Dans « Humain, trop humain », Nietzsche disait :


« Dans une humanité aussi évoluée que la nôtre, chaque homme par nature a accès à de nombreux talents.
Chacun possède un talent inné, mais peu possèdent la dureté, l’endurance et l’énergie nécessaire pour devenir un talent, c’est-à-dire, devenir qui ils sont. »

La loi de Gresham

Sir Thomas Gresham (1519 – 1579) était un marchand anglais et un financier qui travailla comme financier au service de la reine et fonda plus tard le Royal Exchange de la ville de Londres.

Henry VIII (roi d’Angleterre et d’Irlande) avait changé la composition du shilling anglais (unité monétaire de l’époque), remplaçant une partie substantielle de l’argent par des métaux de base. Les consultations de Gresham avec la reine ont expliqué que les gens étaient conscients du changement et ont commencé à séparer les pièces en shilling anglais en fonction de leurs dates de production pour :

  • Utiliser la monnaie nouvellement frappée avec les métaux de base dans leurs achats
  • Conserver les (anciennes) pièces avec plus d’argent qui, une fois fondues, valaient plus que leur valeur nominale : la valeur de l’argent (le métal) valait plus que la valeur de la monnaie.

Gresham a observé que la mauvaise monnaie chassait la bonne monnaie de la circulation.

1 shilling angalis

De ce fait, la mauvaise monnaie (frappé avec des métaux de base – et circulant davantage dans l’économie) a bien chassé la bonne (frappé avec de l’argent – ne circulant plus dans l’économie).

Ainsi, la loi de Gresham stipule que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». En d’autres termes, l’introduction d’une devise de moindre qualité (à laquelle les agents économiques n’ont pas confiance) dans un système économique a pour conséquence néfaste que c’est la mauvaise monnaie qui prend la place la plus importante. Dans une telle situation, les agents préfèrent conserver la bonne monnaie pour se défaire de la mauvaise au plus vite.

On peut extrapoler la loi de Gresham à l’éthique. Ainsi, en suivant ce principe, les mauvais comportements chassent les bons. Par exemple, les personnes qui respectent les lois communes et la morale sont peu à peu supplantées par celles qui trichent. À méditer !

L’Hypocrisie morale

S’autoriser un plat gras en prenant une boisson light, effectuer un grand nombre de kilomètres après l’achat d’un véhicule moins énergivore, ou prendre des douches plus longues après l’installation d’un chauffe-eau plus efficace : Tout ceci sont des exemples d’un phénomène étudié en psychologie sociale et en marketing, qui se nomme L’Hypocrisie morale.

Ce concept décrit la susceptibilité accrue d’un individu à faire un choix immoral après avoir fait un choix moral. Le choix moral lui octroyant une sorte de « crédit » lui permettant d’ensuite faire un choix immoral.

Plusieurs études ont permis de mettre en évidence ce phénomène, Lucas Davis, économiste de l’énergie à l’Université de Californie à Berkeley, a publié une étude montrant qu’après avoir obtenu des lave-linges moins consommateurs en électricité, les personnes ont augmenté le lavage de près de 6 %. D’autres études montrent que les gens laissent les lumières écoénergétiques allumées plus longtemps. Une étude récente du Shelton Group, qui prône des choix de consommation durables, a montré que sur 500 personnes qui avaient verdi leurs maisons (via des travaux de rénovation), un tiers n’ont vu aucune réduction de factures.

Je ne saurais mieux dire !

Benoît Monin, psychologue social qui étudie la licence morale à l’université de Stanford, a déclaré :


« Nous avons ces négociations internes qui nous trottent dans la tête toute la journée, même si nous ne le savons pas ».

De ce fait, ce que démontre l’hypocrisie morale, c’est que le choix que nous faisons à un instant t, est influencé – sans en être conscient – des décisions passées.