L’hypothèse de Mountcastle et la théorie des mille cerveaux

La neurophysiologie est l’étude des fonctions du système nerveux (allant du niveau moléculaire jusqu’au niveau le plus intégré des réseaux neuronaux).
De plus, une colonne corticale est un groupe de neurones situés dans le cortex cérébral dont les champs de réception sont identiques.

Ainsi, Vernon Benjamin Mountcastle est un neurophysiologiste américain, c’est lui qui découvre et caractérise l’organisation en colonnes corticales du cortex cérébral dans les années 1950.
Cette découverte représente un tournant majeur dans les recherches sur le cortex cérébral.

L’hypothèse de Mountcastle est que la « colonne corticale » est l’unité fonctionnelle du traitement de l’information dans le néocortex, et que les neurones d’une même colonne possèdent des propriétés physiologiques communes.
Mountcastle a proposé que d’un bout à l’autre du néocortex, colonnes corticales et mini colonnes accomplissent la même chose : elles exécutent un algorithme fondamental qui est à l’origine de tous les aspects de la perception et de l’intelligence

C’est une hypothèse forte, en effet, il n’apparaît pas de prime abord que lire Shakespeare équivaille à saisir une tasse à café, mais c’est pourtant ce qu’implique l’idée de Mountcastle, soutenue par de nombreuses observations.

La fameux livre introduisant la théorie des mille cerveaux.

D’un autre coté, « La théorie des mille cerveaux », proposée par Jeff Hawkins dans son livre « 1000 cerveaux : une nouvelle compréhension du cerveau et de l’intelligence artificielle », est une nouvelle façon d’envisager le fonctionnement du cerveau et de l’intelligence : elle repose sur l’hypothèse de Mountcastle et propose que l’intelligence n’est pas un système centralisé, mais émerge de l’activation coordonnée de milliers de modèles distribués dans les colonnes corticales du cerveau, fonctionnant toutes selon le même algorithme de base.

La théorie des mille cerveaux influence la création d’IA en proposant une approche distribuée avec un algorithme d’apprentissage commun – similaire aux colonnes corticales – pour créer des modèles prédictifs, dont l’activation coordonnée permettrait d’émuler l’émergence de l’intelligence observée dans le cerveau humain.

La Rationalité limitée et l’Intelligence Artificielle

En informatique, un bit est l’unité de base de l’information, pouvant prendre l’une des deux valeurs binaires : 0 ou 1.

Toutefois, toute information, qu’elle soit textuelle, visuelle, sonore ou autre, peut être quantifiée en bits en dehors de l’informatique en utilisant des techniques de codage et de compression adaptées : ce n’est rien de plus qu’une unité de mesure de l’information.

Ainsi, il a été démontré que les sens humains recueillent environ 11 millions de bits par seconde de l’environnement, mais l’esprit conscient semble être capable de ne traiter qu’environ 50 bits par seconde.

Cela est visible dans des activités comme la lecture, où un rythme typique de 300 mots par minute se traduit par environ 50 bits par seconde.

En revanche, les ordinateurs modernes peuvent traiter des milliards, voire des trillions de bits par seconde, dépassant de loin le taux de traitement conscient humain.

La différence entre la quantité d’informations transmises au cerveau (11 millions de bits par seconde) et la quantité traitée consciemment (50 bits par seconde) suggère qu’une énorme quantité de compression et de traitement inconscient se produit dans le cerveau.

Je te vois !

D’un autre côté, Herbert Simon, Nobel d’économie en 1978 a proposé sa théorie de la « Rationalité limitée », dans celle-ci, il suggère que la capacité de décision d’un individu est altérée par un ensemble de contraintes comme le manque d’information (on retrouve les limites du cerveau humain), des biais cognitifs ou encore le manque de temps. Dans cette optique, les décideurs ont tendance à choisir des solutions satisfaisantes plutôt qu’optimales.

Cette théorie s’oppose clairement à la théorie du choix rationnel, qui postule l’acteur économique est pleinement rationnel concernant la situation envisagée.

Cependant, au lieu d’opposer les ordinateurs aux cerveaux humains, la rationalité limitée suggère que le développement des outils informatiques a permis de surpasser les limites humaines en termes de stockage et de traitement de l’information, un clin d’œil direct à l’émergence de l’intelligence artificielle, qui bénéficie de la capacité de traitement des ordinateurs, tout en simulant un raisonnement humain.

L’effet placebo et l’iatroplacebogenèse

« Par la parole j’ai plus de réussite dans les soins aux malades que mon frère par les drogues ».

Ces paroles sont attribuées à Gorgias, professeur à Athènes du jeune étudiant Hippocrate, il y’a 2500 ans.

Elles montrent que ce qu’on appellera plus tard l’effet placebo semble déjà exister dans l’antiquité grecque.

Un placebo est un procédé thérapeutique n’ayant pas d’efficacité propre ou spécifique, mais agissant sur le patient par des mécanismes psychologiques et physiologiques. Il existe diverses formes de placebo (médicamenteuses, physiques, chirurgicales, etc.)

Ainsi, l’effet placebo correspond au résultat psycho-physiologique positif (bénéfique) constaté après l’administration d’une substance ou la réalisation d’un acte thérapeutique, indépendamment de l’efficacité intrinsèque attendue du traitement. En général, cet effet est de l’ordre de 30 % et pourrait atteindre 60-70 % dans les migraines ou les dépressions.

Ce dernier peut être produit de différentes manières : par des substances inertes, par une intervention chirurgicale fictive et même par de fausses informations.

Plus intéressant encore, l’impact de la sympathie du médecin sur l’intensité de l’effet placebo a été étudié et documenté dans plusieurs recherches.

Ces études mettent en lumière comment les interactions entre le médecin et le patient peuvent influencer amplifier l’effet placebo, même en l’absence d’une intervention médicamenteuse active : l’attitude et la personnalité du médecin ainsi que ses compétences, son charisme, sa conviction, son pouvoir de suggestion, imprègnent tout traitement d’un effet placebo.

On parle d’« effet médecin », suscité également en consacrant du temps au patient, avec sollicitude, écoute active, empathie, et un discours rassurant.

En revanche, si le médecin est froid et distant, on aura l’effet inverse. L’effet placebo sera inefficace, mais augmentera également le stress chez le patient.

À titre d’exemple, une étude a démontré que lorsque des soignants appliquaient de l’histamine sur l’avant-bras des patients tout en manifestant de l’empathie, les patients rapportaient moins de démangeaisons et de rougeurs comparativement à un groupe témoin traité sans marque particulière d’empathie.

L’effet résultant de l’attitude psychosociale du médecin a été introduit en 1970, le Dr Shapiro sous le nom de « iatroplacebogenèse«