L’Argument de l’illusion

La philosophie de la perception tente de comprendre la nature des expériences perceptives et la façon dont elles se rapportent aux croyances ou à la connaissance du monde.
Cette philosophie cherche notamment à répondre aux questions :

  • Quelle est la nature des contenus de la perception ?
  • Quel rapport entre la perception et la connaissance ?

« Les gens vivent en s’appuyant sur leurs convictions et leurs connaissances et ils appellent ça la réalité. Mais le savoir et la compréhension sont des concepts si ambigus que cette réalité ne pourrait être alors qu’une illusion. »

Cette citation est à rapprocher de l’argument de l’illusion en philosophie de la perception, ce dernier défend la thèse selon laquelle nous ne percevons jamais que des données des sens (dites sense-data, accessibles via nos 5 sens) du monde, et non le monde en lui même.

Un exemple classique d’illusion naturelle est le bâton de Descartes : j’ai un bâton qui me paraît droit mais quand je le tiens sous l’eau, il semble se plier et se déformer. Je sais que le bâton est droit et que sa flexibilité apparente est un effet lié à la perception que j’ai de lui à travers l’eau, mais, malgré tout, je ne peux pas changer l’image mentale que j’ai du bâton en tant qu’il est courbé.

Si nous n’avions jamais vu le bâton hors de l’eau, qu’aurions nous pensé de sa nature ?

Étant donné le fait que le bâton n’est pas courbé, son apparence peut être décrite comme une illusion, mais cette illusion ne se distingue pas fondamentalement de la perception normale de l’objet. Dans les deux cas, plutôt que de percevoir directement le bâton, nous percevons une image de bâton constituée d’un ensemble de « données des sens ». Cette représentation mentale ne nous dit rien au sujet des véritables propriétés du bâton, qui restent inaccessibles à nos sens.

Nos sens ne nous mettraient donc pas en relation avec le monde tel qu’il existe en soi, mais seulement avec des représentations ou contenus mentaux : si je peux être victime d’une illusion (ou d’une hallucination) sans le savoir, c’est que rien ne me permet de distinguer entre une expérience véridique et une illusion lorsque j’y suis confronté. Par conséquent, la nature de l’expérience véridique ne peut être radicalement différente de celle de l’illusion. Dans les deux cas, je prends immédiatement conscience d’un ensemble de sense-data, c’est-à-dire de petites sensations dont la réalité tient tout entière dans leur apparence.