La loi de Gresham

Sir Thomas Gresham (1519 – 1579) était un marchand anglais et un financier qui travailla comme financier au service de la reine et fonda plus tard le Royal Exchange de la ville de Londres.

Henry VIII (roi d’Angleterre et d’Irlande) avait changé la composition du shilling anglais (unité monétaire de l’époque), remplaçant une partie substantielle de l’argent par des métaux de base. Les consultations de Gresham avec la reine ont expliqué que les gens étaient conscients du changement et ont commencé à séparer les pièces en shilling anglais en fonction de leurs dates de production pour :

  • Utiliser la monnaie nouvellement frappée avec les métaux de base dans leurs achats
  • Conserver les (anciennes) pièces avec plus d’argent qui, une fois fondues, valaient plus que leur valeur nominale : la valeur de l’argent (le métal) valait plus que la valeur de la monnaie.

Gresham a observé que la mauvaise monnaie chassait la bonne monnaie de la circulation.

1 shilling angalis

De ce fait, la mauvaise monnaie (frappé avec des métaux de base – et circulant davantage dans l’économie) a bien chassé la bonne (frappé avec de l’argent – ne circulant plus dans l’économie).

Ainsi, la loi de Gresham stipule que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». En d’autres termes, l’introduction d’une devise de moindre qualité (à laquelle les agents économiques n’ont pas confiance) dans un système économique a pour conséquence néfaste que c’est la mauvaise monnaie qui prend la place la plus importante. Dans une telle situation, les agents préfèrent conserver la bonne monnaie pour se défaire de la mauvaise au plus vite.

On peut extrapoler la loi de Gresham à l’éthique. Ainsi, en suivant ce principe, les mauvais comportements chassent les bons. Par exemple, les personnes qui respectent les lois communes et la morale sont peu à peu supplantées par celles qui trichent. À méditer !

L’Hypocrisie morale

S’autoriser un plat gras en prenant une boisson light, effectuer un grand nombre de kilomètres après l’achat d’un véhicule moins énergivore, ou prendre des douches plus longues après l’installation d’un chauffe-eau plus efficace : Tout ceci sont des exemples d’un phénomène étudié en psychologie sociale et en marketing, qui se nomme L’Hypocrisie morale.

Ce concept décrit la susceptibilité accrue d’un individu à faire un choix immoral après avoir fait un choix moral. Le choix moral lui octroyant une sorte de « crédit » lui permettant d’ensuite faire un choix immoral.

Plusieurs études ont permis de mettre en évidence ce phénomène, Lucas Davis, économiste de l’énergie à l’Université de Californie à Berkeley, a publié une étude montrant qu’après avoir obtenu des lave-linges moins consommateurs en électricité, les personnes ont augmenté le lavage de près de 6 %. D’autres études montrent que les gens laissent les lumières écoénergétiques allumées plus longtemps. Une étude récente du Shelton Group, qui prône des choix de consommation durables, a montré que sur 500 personnes qui avaient verdi leurs maisons (via des travaux de rénovation), un tiers n’ont vu aucune réduction de factures.

Je ne saurais mieux dire !

Benoît Monin, psychologue social qui étudie la licence morale à l’université de Stanford, a déclaré :


« Nous avons ces négociations internes qui nous trottent dans la tête toute la journée, même si nous ne le savons pas ».

De ce fait, ce que démontre l’hypocrisie morale, c’est que le choix que nous faisons à un instant t, est influencé – sans en être conscient – des décisions passées.

La Loi de Koomey et le Théorème de Margolus-Levitin

Une loi empirique est une loi ou une formule issue de faits expérimentaux, ou validée par l’expérience, mais dont on ne connaît pas de base théorique, ou qu’on ne peut pas relier à une base théorique simple.

Ainsi, le second postulat de la première loi de Moore stipule que « le nombre de transistors des microprocesseurs sur une puce de silicium double tous les deux ans. » et se révéla particulièrement exacte entre 1971 et 2001.

En conséquence, les machines électroniques sont devenues de plus en plus petites et de moins en moins coûteuses tout en devenant de plus en plus rapides et puissantes.

En parallèle avec la loi de Moore, la loi (empirique) de Koomey décrit une tendance à long terme dans l’histoire des ordinateurs.
Elle peut être énoncée comme suit : la quantité d’énergie dont une machine a besoin pour effectuer un nombre donné de calculs va diminuer d’un facteur deux chaque année et demie.

Évolution du nombre de calculs effectués par kWh, de 1946 à 2009.
La courbe est le tracé représentant la loi de Koomey, en rouge, le nombre de calculs effectifs (d’où la régression linéaire).
  • Avec un raisonnement simple et en suivant cette loi, on peut imaginer qu’en fixant une quantité d’énergie (disons 1 joule), le nombre de calculs qu’une machine peut effectuer, va augmenter chaque année et demie.
  • Plus le temps passe, plus ce nombre de calculs croît (ici de manière exponentielle) et sans limites finie.

D’un autre côté, le théorème de Margolus-Levitin, impose une limite fondamentale au calcul.
Selon ce théorème, la vitesse à laquelle toute machine calcule (c’est-à-dire nombre d’opérations effectuées dans un temps donné et utilisant une quantité d’énergie donnée) ne peut pas être supérieur à 6 × 10^33 opérations par seconde et par joule.

Dit autrement, en utilisant un joule il serait possible à une machine de réaliser jusqu’à 6 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 (6 millions de milliards de milliards de milliards) d’opérations par seconde, mais sans pouvoir franchir cette limite.

Cette limite est surtout « physique », elle a été calculée par Norman Margolus et Lev B. Levitin, en effet, calculer revient à modifier l’état physique d’un bit d’information. Cette modification a un coût qui peut être borné, ce qui aboutit à la limite mentionnée plus haut.

De quoi bien faire attention aux abus de langages entre une loi empirique et une loi physique !