La malédiction des ressources naturelles

La « malédiction des ressources naturelles », est une difficulté que rencontrent les nations avec une abondance de ressources naturelles, en particulier le pétrole. Elle a été décrite la première fois en 1990, dans le livre du géographe Richard Auty.

En effet, la croissance économique des pays pétroliers est inférieure à celle d’autres pays naturellement moins riches en pétrole. Il semble ainsi exister un lien négatif entre la proportion des exportations de matières premières dans le PIB et le taux de croissance du pays. (Plus on exporte de pétrole, moins il y a de croissance économique)

Ce graphique montre bien que : plus le pourcentage d’exportation des ressources naturelles est important dans le PIB, moins la croissance est forte. (Et inversement)

Les estimations des économistes Sala-i-Martin et Subramanian montrent que la malédiction des ressources naturelles est due à leurs effets sur les institutions politiques du pays. L’abondance de ressources naturelles crée des conditions propices à la corruption et aux gaspillages. Ce sont ces dernières qui causent un effet négatif sur la croissance et non pas les ressources naturelles en tant que telles.

L’indice Big Mac

La parité de pouvoir d’achat (PPA) (on parle de valeurs mesurées en parité de pouvoir d’achat) est une méthode utilisée en économie pour établir une comparaison, entre pays, du pouvoir d’achat des devises nationales, ce qu’une simple utilisation des taux de change ne permet pas de faire.

Ainsi, l’indice Big Mac est une mesure de parité de pouvoir d’achat (PPA), inventée par le magazine hebdomadaire The Economist en 1986.
Cet indice est simplement élaboré à partir des prix d’un hamburger de l’enseigne McDonald’s.

L’indice Big Mac permet de savoir (de manière très simpliste) si une monnaie est sous-évaluée ou sur-évaluée par rapport au dollar, à l’euro, à la livre, au yen et au yuan.

Par exemple :

  1. Le prix d’un Big Mac au Canada est de 5,64 $ (dollar canadien).
  2. Le prix d’un Big Mac aux États-Unis est de 4,80 $ (dollar américain).
  3. Le calcul de l’indice se traduit alors ainsi : 5,64/4,80 = 1,18

Donc 1,18 dollar canadien permet d’acheter la même « quantité de Big Mac » que 1 dollar américain. Ensuite, il est possible de déterminer si le taux de change du marché est sur ou sous-évalué par rapport au taux réel (le 1,18 calculé).
Le taux de change du marché est d’environ 1,07$ CA pour 1,00$ US et l’indice nous donne un taux de 1,18, alors la monnaie canadienne serait surévaluée (par rapport au dollars américain) de 10 %.

Cet indice présente plusieurs avantages : sa mesure est facile, la composition et la vente d’un Big Mac nécessitent à la fois des matières premières végétales et animales (achetées sur les marchés locaux), mais aussi des services (cuisiniers, vendeurs) et des produits chimiques, son inconvénient majeur est l’absence de prise en compte du niveau de vie.

La critique de Lucas

L’épistémologie est un domaine philosophique qui analyse, étudie et critique toutes les disciplines de la science, ainsi que leurs méthodes et leurs découvertes.

Ainsi, la critique de Lucas est une critique épistémologique qui souligne que les agents économiques s’adaptent aux politiques économiques menées par l’État. Dès lors, tout modèle économique statique, qui ne prend pas en compte les réactions des agents, donnerait des résultats erronés.

L’économiste américain Robert Lucas (Nobel en 1995) écrit en 1976 un article dans lequel il critique les méthodes keynésiennes et ses modèles dominants à l’époque, en soulignant qu’ils considèrent les agents économiques comme peu réactifs face aux politiques de l’État, voire complètement passifs.
Or, l’hypothèse de l’incapacité des agents à s’adapter et anticiper les politiques économiques et leurs conséquences est à la base des méthodes de prévisions économiques et surtout d’études d’impact des réformes économiques.

La critique de Lucas recommande donc d’éviter de se baser naïvement sur des statistiques passées pour prédire le comportement futur des agents, mais prendre en compte leur réaction aux changements que les autorités vont décider. En effet, la perspective d’une augmentation ou d’une baisse de telle ou telle variable économique peut conduire les agents économiques à modifier leur comportement réel, en termes de consommation, d’épargne, ou autre.

Un exemple simpliste : un village qui n’a jamais connu de vols (données historiques), cela ne veut pas dire pour autant que l’on peut y enlever les gardiens (anticipations).