Peindre l’évolution du travail

« Travaillez, prenez de la peine : c’est le fonds qui manque le moins »

Cette phrase célèbre provient de la fable « Le Laboureur et ses Enfants » de Jean de La Fontaine, qui tient son inspiration de la fable d’Ésope datant d’environ 620 av. J.-C.

Dans le contexte de la fable datant de 1668, un père mourant utilise cette sagesse pour inciter ses enfants à travailler dur, en leur faisant croire qu’un trésor est caché dans leur champ. Les enfants, en labourant le champ à la recherche du trésor, finissent par augmenter sa productivité, découvrant ainsi que le véritable trésor est le fruit de leur travail.

Cette phrase est devenue un proverbe populaire, souvent cité pour encourager l’effort et la persévérance dans le travail.

Mais comment ce travail – et surtout sa perception – ont évolué depuis cette époque ?

Deux artistes qui, sans le savoir, allaient peindre l’histoire du travail à travers les âges et répondre à la question.

Le premier est un tableau de Bruegel décrivant une scène rurale typique du 16e siècle, une vision réaliste mais respectueuse du labeur paysan. Le travail est montré comme difficile mais noble, intégré harmonieusement dans la nature et la communauté.

Quelques siècles plus tard, en 1997, Tunbjörk avec son tableau « Agents de change » offre un contraste saisissant : Un travail dans un environnement artificiel, sans fenêtres ni lumière naturelle, avec des visages tendus, reflétant le stress et la pression, incarnés par des agents entassés dans un espace de bureau exigu.

L’art, à travers son exagération volontaire, permet de mettre en lumière les aspects les plus profonds et souvent invisibles de notre réalité quotidienne, nous invitant à une réflexion critique sur notre monde et notre place en son sein.

Entre ces deux tableaux, c’est toute l’histoire de notre relation au travail qui se déroule. Nous avons quitté les champs ouverts pour nous enfermer dans des tours de verre et d’acier. Le rythme des saisons a cédé la place au tic-tac implacable des horloges numériques. La communauté s’est fragmentée en une multitude d’individus, chacun rivé à sa tâche spécifique.

Pourtant, malgré ces changements radicaux, quelque chose persiste : la quête de sens dans notre labeur quotidien. Les paysans de Bruegel trouvaient leur raison d’être dans la récolte qui nourrirait leur village. Les agents de change de Tunbjörk, eux, cherchent peut-être leur place dans un monde où la valeur se mesure en chiffres sur un écran.

Dans les deux cas, la sagesse de Jean de La Fontaine demeure, notre histoire loin de s’arrêter, continue de s’écrire encore. On peut simplement être curieux et se demander ce que nous réserve l’avenir ?